Le vêtement pour parler des femmes, c’est un prétexte. Le prétexte, c’est ce qui permet de faire quelque chose.
Ici, interroger des jeunes filles sur leurs pratiques vestimentaires en les confrontant à des panoplies archétypales du féminin. Cette démarche constitue pour moi un moyen de recueillir des informations auprès de la jeune génération sur la mise en scène du corps, son aspect et l’image qu’elle renvoie aux autres.
Le prétexte du vêtement, c’est parler chiffons pour aborder quelque chose de plus vaste.
Si je regarde à ma fenêtre, j’ai grandi dans une famille avec de fortes attentes en termes de ressemblance à des idéaux féminins. J’ai passé mon enfance dans une chambre de petite fille modèle inspirée du monde de Sarah Kay. J’ai pratiqué la danse classique à l’opéra, j’ai porté des justaucorps, des tutus, des pointes. Ma mère m’habillait avec soin, elle aimait que mes tenues soient parfaites et assorties dans des camaïeux de rose. Pour le carnaval elle me déguisait en princesse, pour Noël elle m’offrait des Barbies avec des panoplies d’uniformes et pendant les vacances chez ma grand-mère j’apprenais à coudre et à tricoter. Aujourd’hui, je me revendique féministe, je m’efforce de déconstruire les stéréotypes de genre qui m’ont façonnée, mais en réalité je continue à afficher dans mon apparence des signes forts du féminin tant dans la sphère privée que publique. Il y a quelque chose de paradoxal entre ce que je sais et ce que je fais.
Pourquoi dans la majorité des cas, les femmes s’habillent avec des vêtements de femmes et les hommes avec des vêtements d’hommes alors qu’aucune loi ne nous y contraint en France ?
Comme l’explique la sociologue Coline Lett dans sa thèse Le prétexte du vêtement. Sociologie du genre au prisme des pratiques vestimentaires, les pratiques vestimentaires sont parmi les dernières manifestations culturelles matérialisant le découpage culturel du genre tout en soulevant des contradictions profondes. Comme elle, je m’intéresse au vêtement à la fois dans sa faculté à fixer sur lui un certain nombre de normes et de valeurs perpétuant l’ordre social traditionnel, mais également en tant que possible vecteur de changement.
Je me suis rendue compte que les discours sur l’habillement des femmes sont traversés soit par la question de leur émancipation, soit par celle de leur aliénation. Le vêtement libère ou opprime.
J’ai l’intention avec ce spectacle de questionner et déconstruire le genre féminin par le prisme du vêtement et le témoignage de jeunes femmes.
Je vais créer un spectacle déambulatoire et participatif, sous forme de défilé de mode,
qui investit des sites patrimoniaux,
en donnant exclusivement la parole aux filles,
j’entends par filles des personnes qui se reconnaissent dans le genre féminin.
On me demande systématiquement lorsque je présente ce projet : Pourquoi que des filles ?
parce que les corps des filles, habillés ou pas sont à disposition, non seulement désirés mais convoités, souvent appropriés, parfois violentés.
parce que les filles ont besoin d’espace pour parler d’elles-mêmes,
parce que les filles ont besoin qu’on leur fasse de la place pour s’exprimer,
parce que j’ai envie de créer un territoire, un monde où les filles se racontent entre elles, sans être coupées, contredites, ou paraphrasées.
mise en scène Edith Amsellem
avec Myriam Lehman, Anna Longvixay, Clémence Pillaud + un groupe de 10 jeunes filles non-professionnelles
scénographie Francis Ruggirello
création sonore et musique Francis Ruggirello
création costumes Colombe Lauriot Prévost
collaboration artistique et coach Marianne Houspie
régie générale Jean-Marie Bergey
PROJET LAURÉAT 2023 ÉCRIRE POUR LA RUE Dispositif de résidences d’auteur.rice.s des arts de la rue initié par la SACD et le ministère de la Culture DGCA
Production ERd’O Coproductions Le Carré Colonnes scène nationale Bordeaux Métropole, Le Théâtre Molière Sète scène nationale Archipel de Thau, Le Théâtre de Grasse scène conventionnée, Le Théâtre Massalia scène conventionnée à Marseille, Les Pronomades en Haute-Garonne CNAREP, Le Parapluie – Eclat CNAREP, Le Citron Jaune CNAREP, Le Théâtre du Fil de l’eau Pantin, Le Réseau Traverses (Association de structures de diffusion et de soutien à la création du spectacle vivant en région Sud PACA), Le Pôle Arts de la Scène – Friche la Belle de Mai à Marseille. Accueil en résidence Villa Arson Nice. La recherche de partenaires est en construction.
Avec le soutien de la DGCA – aide nationale à la création arts de la rue, la Ville de Marseille, le Département des Bouches-du-Rhône et la Région Sud PACA. La compagnie est conventionnée par le Ministère de la Culture DRAC PACA.